Entre 2010 et 2017, nous avons constaté la montée de plusieurs hip-hopeurs commerciaux au style moins capitaliste, criminalisé, gangster et corporatif. Une saturation du rap bling bling et dirty south s’est faite ressentir au cours des années 2000. C’était la norme et malheureusement elle a été exploitée à son maximum! Malgré cela certains grands artistes ont laissé leur marque au cours de la première décennie du millénaire ex : Lil’ Wayne, Young Jeezy, Gucci Mane, T.I. 50 Cent, G-Unit, Lil’ Jon & The Eastside boyz. Ces derniers ont eu leur pertinence sur la période ciblée et elle se fait encore ressentir aujourd’hui par les tenants de la trap musik et du drill. Vous connaissez sans doute le portrait commercial des artistes que nous voulons aborder dans notre présente étude. Ce qui nous intéresse n’est pas nécessairement leur portrait personnel mais la conjoncture dans laquelle ils évoluent. Leurs qualités ne peuvent être passées sous silence : une conscience organique, une sensibilité sociopolitique ainsi qu’un fort soucis d’individuation artistique se trouvent en eux. Cette individuation artistique permet à ces artistes aux soucis populistes de développer leur potentialité. Le développement de la potentialisation chez l’humain est un processus d’auto- régularisation interne et rétrospectif; si nous nous fions aux études du Dr. Carl. Gustav Jung. En nous référençant à certains travaux de Stanislav Grof PhD, nous voyons en ce développement quelque chose de trans-personnel. Ce développement n’est pas accompagné d’une mascarade bling bling ou d’une frénésie bling bling exorbitante. La profondeur lyrique et conceptuelle est à son honneur. Cette profondeur est rarement apparue dans les succès commerciaux des années 2000. Quelques exceptions à la règle peuvent être mentionnées comme : Marshall Mathers L.P de Eminem, Let’s Get Free de Dead Prez ou les quatre premiers albums du rappeur/ producteur Kanye West. Ce point de vue est totalement subjectif et j’en tire une entière responsabilité. Des artistes comme Nas, Jay-Z, Wu-Tang- Clan, Snoop Dogg, Dr.Dre ne sont pas des produits « made in 2000 »!
C’est définitivement les années 1990 qui furent charnière pour ceux-ci. Par subséquent, ils font partie de l’élite artistique du hip-hop américain qui a bien traversé la fin du siècle dernier. Des artistes de la même génération qui n’ont guère produit de matériel artistique au cours des années 1990 comme 2Chainz et Rick Ross se sont adaptés aux tendances du hip-hop contemporain du 21ième siècle. Les artistes commerciaux et contemporains que nous allons analyser dans ce dossier sont : Kendrick Lamar, Drake et J.Cole. Essentiellement, ces artistes sont très reconnus mondialement et commercialement. Ceux-ci ont une sonorité très commerciale et une approche très throwback par moment. Que signifie « l’approche throwback » ? C’est une esthétique musicale rétro qui démontre une appréciation assidue pour la musicalité d’une époque antérieure très spécifique. Dans le cas présent, il s’agit d’une appropriation du : Funk des années 1970, du R&B et Néo-soul des années 1990, ainsi que du bon Boom-Bap new yorkais de la fin du siècle dernier. L’approche throwback apparait grandement dans les récentes réalisations encensées par la critique de Kendrick Lamar et J-Cole. Il s’agit des albums To Pimp a Butterfly et Forest Hill Drive 2014. Précisément, le troisième album en carrière de Kendrick Duckworth Lamar, To Pimp a Butterfly, démontre une approche throwback très paufinée par un son très blaxpoitation des années 1970 sur certaines pièces comme : Wesley Theory et King Kunta. Une ambiance néo-soul apparait dans l’ensemble de ce troisième opus. Elle est à son paroxysme sur des pièces telles; The Walls, Institutional, I, Zulu Love et Mortal Man. Pour réaliser ce magna opus artistique Kendrick Lamar s’est entouré d’une équipe de musiciens affectionnant le soul et la sonorité organique des années 1960 et 1970. À travers les critiques de l’an dernier de To Pimp a Buttefly, vous avez sûrement entendu parler des producteurs BattleCat, Bilal et j’en passe. La vision holistique de la production musicale du hip-hop de ces derniers est similaire à celle de : The Ummah. Le collectif de producteurs- The Ummah– était responsable des grands succès hip-hop/ néo-soul de la fin des années 1990 et du début des années 2000.
Ce collectif est responsable d’albums à succès comme Like Water for Chocolate de Common Sense et Vaudoo de D’Angelo. Prenez le temps d’écouter les albums d’artistes tels : Slum Village, Bahamadia, Blackalicious, Black Eyes Peas avant la venue de Fergie, The Roots, Floetry, Black Star et vous pourriez immédiatement faire un lien direct avec leur influence sonore sur le processus de To Pimp a Butterfly. La similarité musicale est surprenante !! De son côté, Jermaine Cole a démontré une démarche très individualisée, expérimentale et boombap sur son album le plus encensé en carrière : Forest Hill Drive 2014. Malgré une grande appréciation des années 1990, dans ce troisième album en carrière J.Cole verse moins dans « l’approche throwback » que Kendrick Lamar. Quand même, nous notons certains « throwback » sur des morceaux inspirés du son boombap et des samples des années 1990 dans le rap américain comme St-Tropez et Wet Dreamz . D’autres pièces qui versent dans le segmentation plus experimentale mais commercialisée démontre la versalité Up-Tempo de J.Cole comme : She Know’s et Apparently. Nettement cet opus est plus Up-Tempo que To Pimp a Butterfly. La seule pièce de calibre Up-Tempo sur le troisième album de Kendrick Lamar est Alright. Il est sûr que plusieurs amateurs du trap, edm rap et du drill ont été déçus de ce projet de Monsieur Lamar- qui fut axé sur l’expérimentation et non la tendance sonore commerciale du moment dans le hip-hop des années 2010 !! Contrairement aux albums à tendance des années 2000 et du début des années 2010; les réalisations de J.Cole et Kendrick Lamar nous plonge dans une immersion artistique.
D’un point de vue musicologique, les plus grands albums de musique sont ceux qui renferment en eux une expérience immersive. Ce concept immersif semble être celui que Drake Aubry veut nous offrir avec son très attendu View from the 6 qui paraîtra au cours de 2016. Contrairement, à ses contemporains J.Cole et Kendrick Lamar, il nous a offert le très minimaliste If you reading is too Late en janvier 2015. C’est un projet très singulier et axé sur un lyrisme minimaliste et musicalité très trap expérimental par moment. Drake ne verse guère dans la trap conventionnelle comme c’est le cas pour plusieurs rappeurs et surtout ceux d’Atlanta. On les surnomme mêmes trappeurs!!! Drake a fait ses classes. Il connait son vrai H.I.P.H.O.P ! Des morceaux remontant aussi loin que son mixtape So Far So Gone (2009) et des raps issus de ses trois premiers opus comme Showme a A Good Time, Tuscan Leather , Underground King ou Thank me now démontrent son lyrisme approfondi et descriptif par moment. Tout récemment, il a livré une diatribe lyrique au rappeur Meek Mills avec le morceau Back to Back. Il a littéralement assassiné le rappeur de Mayback Music Group Ent. Drake me fait penser par moment au musicien John Coltrane. Il connait très bien la convention dont il fait partie et tente de la plaire par une belle esthétique. Cependant, il ne se gêne pas de repousser les limites par la création de nouveaux concepts. Nous verrons jusqu’à où il les repoussera, avec son anticipé View from the 6.Somme toute, il est clair que les albums de J. Cole et Kendrick Lamar ont touché la fibre sociale de la communauté urbaine des ghettos américains. C’est normal ces derniers reflètent en partie le climat du néo-racisme institutionnel qui règne aux États-Unis depuis 2013. Quant à lui, Drake offre un exutoire pour ceux et celles qui veulent s’évader du stress social de tous les jours. C’est ce que j’ai cru comprendre en écoutant diverses pièce de If you Reading this is too late . De toute façon, Monsieur Aubry n’est guère un afro-américain. Notre rappeur canadien populaire aux États-Unis ne compte surtout pas enfiler les chaussures de Monsieur Cole et de Monsieur Duckworth Lamar. À chacun sa tasse de thé, n’est-ce pas ??
NB: La dissertation analytique qui précède a été entièrement rédigée par Kapois Lamort. Pour de plus amples informations, vous pouvez envoyer un courriel à laprodenoire@gmail.com ou kapoislamort@hotmail.com
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